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Dans le cadre de ses déjeuners mensuels, l’Association Femmes Débat Société a accueilli la journaliste et femme de lettres Irène FRAIN le mardi 10 septembre 2019.

Monique RONZEAU, Présidente de l’Association, évoque rapidement les projets de l’Association tels que prévus par le Conseil d’administration : les invitations concernent Olivier FARON, Administrateur Général du CNAM qui publie un ouvrage : FORMER, dont le thème principal a trait à son expérience dans le domaine de la formation professionnelle acquise auprès de publics extrêmement variés, Alexia GERMONT sur les enjeux européens. L’Association s’intéressera aussi au partenariat avec la Chine et poursuivra, bien sûr, sa collaboration avec Tunisiennes Fières, dont la Présidente Donia KAOUACH fait partie du Conseil d’Administration de Femmes Débat Société.

Monique RONZEAU accueille ensuite Irène FRAIN, journaliste et écrivain à l’occasion de la sortie en librairie, prévue le 19 octobre, de son ouvrage : Je te suivrai en Sibérie, Editions Paulsen. Elle lui présente l’Association Femmes Débat Société comme un club de réflexion et de contacts entre des femmes aux profils très différents et qui partagent les mêmes valeurs de démocratie, d’humanisme, de libéralisme, de développement durable et de construction européenne. Plus encore, ce club entretient des relations d’amitié, de solidarité et de soutien entre ses membres.

La parole revient ensuite à Irène FRAIN qui se définit comme une femme de curiosité, convaincue que ce qui a été laisse des traces, traces qui contribuent à forger notre identité. C’est à partir d’un texte datant de 1861 et publié en Union Soviétique en 1975, qu’Irène FRAIN conçoit son ouvrage. Ce texte évoque l’exil des principaux auteurs de la Révolution Décembriste fomentée en 1825 par un groupe de grands aristocrates russes contre le pouvoir absolu du tsar Nicolas 1 er . Il a été dicté par une Française, nommée Pauline, à la fille qu’elle avait eue de sa liaison avec un des révolutionnaires. Ce texte s’arrête brusquement et Irène FRAIN, frustrée par cette interruption, a entrepris d’aller en Sibérie éclairer les circonstances et la suite de cette histoire, histoire passionnante et tout à fait inattendue.

Une Française, née à Saint Mihiel dans la Meuse, était marchande de mode avant d’émigrer en Russie pour y exercer son métier. Séduite par un aristocrate russe décembriste, elle en a une fille et accompagne son amant dans son exil en Sibérie, à l’image d’un certain nombre d’épouses des déportés. Là, fidèles à leurs idéaux, ces bagnards établissent une république démocratique à la Française, inspirée des principes de l’esprit des Lumières, tel qu’apparu en France au XVIIIème. Dans cette République, on chantait la Marseillaise.

Irène FRAIN a mis ses pas dans les leurs non sans se poser beaucoup de questions : comment ces femmes issues de la plus haute aristocratie russe ont-elles pu laisser leurs enfants derrière elles pour aller vivre en Sibérie, comment ont-elles eu le courage de sauver leurs époux ? Etait-ce par amour, par devoir, par goût du sacrifice ? Au sein de cette collectivité, on parle français et Pauline, qui a épousé son amant, enseigne la cuisine tout en se trouvant 17 fois enceinte. Chacun met ses connaissances à la disposition des autres et les membres de la collectivité se donnent mutuellement des cours. L’un d’eux, doué pour la peinture, a pu faire des portraits de ces épouses exilées volontaires. Ce sont elles qui, autorisées à entretenir une correspondance, donnaient des nouvelles à leurs familles.

Irène FRAIN a fait corps avec ces personnages. En allant sur place : Irkoutsk, Tchita en Sibérie, elle a pu constater que cette aventure avait laissé des traces profondes. Sept femmes l’ont aidée dans ses recherches là-bas tout en s’inquiétant de l’éventuelle disparition de l’esprit des Lumières dans la France d’aujourd’hui. Les autorités russes se sont exclamées : « Alors, vous êtes venue nous voir ». Autant dire que, sans avoir vécu cette déportation, Irène FRAIN n’en est pas pour autant sortie indemne. Nombreuses sont les questions que l’écriture de cet ouvrage a fait naître chez son auteur : qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que le bonheur dans ces circonstances extrêmes ? Et aussi pourquoi écrire ? Elle a eu la générosité de partager avec l’auditoire quelques unes de ses réponses : « Il faut être gaie, parce que c’est la politesse que d’être gaie. Ecrire, c’est résister, résister à la violence, à la cruauté, c’est aussi dire la beauté que l’on perçoit. J’aime les gens qui « continuent », qui disent non.  Pour moi, c’est la vie ».

La Présidente Monique RONZEAU remercie chaleureusement Irène FRAIN d’avoir partagé son aventure en Sibérie avec les membres de l’Association dont les applaudissements ont illustré l’intérêt qu’elles y ont pris.