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Mardi 22 juin 2021 : l’Association Femmes Débat & Société recevait Alain Duhamel.

La Présidente de FDS, Monique RONZEAU, se montre très heureuse de retrouver les membres de l’Association à l’issue des périodes de confinement. Elle évoque les nombreux projets en préparation : poursuite des travaux sur la parité après le séminaire très réussi du 13 avril dernier, rencontre avec des femmes coréennes, dont l’organisation est prévue le 4 octobre prochain au Centre Culturel Coréen, etc…

Françoise VILAIN, Présidente d’honneur, accueille à son tour l’orateur Alain DUHAMEL, qui vient de publier « Emmanuel le Hardi » aux éditions de l’Observatoire. Inutile de présenter l’écrivain, qui est déjà venu nous rencontrer et dont les chroniques, actuellement sur BFM, sont depuis longtemps aussi connues qu’appréciées.

Alain DUHAMEL ne se contente pas de commenter son ouvrage : il évoque aussi l’actualité enrichie par les élections départementales et régionales en cours.

Pourquoi le choix d’un sobriquet dans le titre de l’ouvrage et pourquoi ce choix-là plutôt qu’un autre ? Parce que pratiquement tous les souverains ont eu un sobriquet au cours de l’Histoire de France et parce que la hardiesse sous-entend une prise de risques accompagnée de chances de gagner comme de rebondir en cas d’échec. La témérité, elle, s’accompagne d’une plus grande inconscience.

Elu sans parti, ni passé, ni image, Emmanuel le Hardi n’a jamais été un chef de parti. C’est un « bonapartiste » dont l’audace peut se comparer avec celle du Premier Consul. Il a conquis le pouvoir dans la rupture en mettant fin aux règles de la 5ème République. Ce pouvoir, il l’a personnalisé avec des techniques de communication différentes des techniques habituelles. Enfin, il fait preuve d’une volonté d’anticipation, d’une prise de responsabilités, d’un esprit de décision qui cassent les codes. Il n’hésite pas à déclarer l’Europe à reconstruire, l’OTAN en état de mort cérébrale et on en parle à l’étranger.

Il en va de même en politique économique. C’est un keynésien libéral qui a permis à la France de présenter des chiffres positifs fin 2019 début 2020, autrement dit avant la crise du Covid.

Face à la crise sanitaire, il a tâtonné, peinant à établir des rapports soutenus entre l’Etat central et les communautés locales. Toutefois, la protection individuelle des Français a été forte, ambitieuse et toutes les prévisions pour l’an prochain indiquent un taux de croissance supérieur à celui de l’Union Européenne.

En somme, le Hardi prend en main les choses et affiche ses choix. Par contre, que de maladresses en politique : des phrases sacrificielles pour un chef d’Etat prononcées à quinze reprises ! Et puis, de mauvais rapports avec les corps intermédiaires : là où Chirac s’entendait avec Force Ouvrière, Sarkozy avec la CGT et Giscard avec la CFDT, le Président MACRON ne trouve de terrain d’entente ni avec les syndicats, ni avec le MEDEF, ni avec les élus des métropoles. C’est avec ceux des petites villes que le courant passe le mieux.

Populaire, il a séduit au début de son mandat, avant d’être rejeté par 50% des Français qui ont déclaré avoir très mauvaise opinion de lui. Cette situation s’est améliorée aujourd’hui avec 25% seulement de mécontents.

Mais surprise devant le niveau de l’abstention aux élections régionales et départementales en cours ! Il faut remonter aux cantonales de 1791 et 1799 pour trouver un degré d’abstention comparable. Les explications abondent : la sortie du confinement, une météo favorable attirant les électeurs au grand air, l’absence d’une campagne explicite et l’inconscience de l’importance de ces scrutins locaux démotivent les électeurs.

Les conséquences sont importantes : la probabilité d’un duel Macron – Le Pen à la Présidentielle s’atténue. S’agit-il d’un phénomène conjoncturel ? 75% de l’électorat RN a négligé les isoloirs alors qu’aux présidentielles, 95% de ses partisans vient voter. A 10 mois des présidentielles, les pôles vont-ils s’effondrer ?

Alain DUHAMEL complète son exposé en répondant aux nombreuses questions qui lui sont posées. L’essentiel des échanges peut se résumer ainsi :

 

  • On parle beaucoup de la « colère » des Français : or, elle ne s’est pas vraiment exprimée dans les urnes. Pour lui, ce sentiment de colère n’est pas actuellement dominant. Ce que veulent les Français, c’est un climat serein qui leur fasse vivre une période agréable. Pour eux, actuellement, mieux vaut pacifier que dramatiser.
  • Assistons-nous à l’émergence d’une droite et d’une gauche ? La France s’est crue duale avec d’une part une gauche, d’autre part une droite dont l’identité a été brouillée par le Front National. Or, le pouvoir s’est depuis longtemps, même sous la IIIème et la IVème République, exercé au centre, centre-gauche ou centre-droit. Historiquement et localement, la droite est la première force politique du pays et la gauche est seconde. Les conseils généraux sont peuplés de divers droites et de divers gauches. Actuellement, le RN continue à peser et restera fort. En même temps, la droite a repris conscience de son existence. Sa base électorale existe et son candidat va surgir soit au moyen d’une primaire, soit de façon naturelle. La question est de savoir s’il y aura un ou deux candidats.
  • A-t-on été trop loin dans le non-cumul des mandats ? Il vaut probablement mieux cumuler un mandat national avec un mandat local, mais sans chercher à multiplier d’autres présidences.
  • Il faut se souvenir qu’en politique, les rapports sont violents. Il faut aussi différencier le candidat et le vainqueur de l’élection. Le candidat caricature l’adversaire car en campagne, on est outrancier contre les autres, ce qui se retourne contre soi-même une fois qu’on est élu.
  • Trouve-t-on encore des partis fondés sur des valeurs fortes ? Les plus populaires sont les moins agressifs. Les Français aiment la tolérance et le respect des adversaires : ce sont des perdants magnifiques. Les formations politiques ne sont pas mortes. Elles sont néanmoins concurrencées par le développement des nouveaux moyens de communication qui facilitent les échanges directs entre citoyens
  • La faiblesse de la participation des jeunes aux élections en cours est préoccupante : 75 à 80% d’abstentionnistes chez les 25 – 35 ans.

Alain DUHAMEL conclut en soulignant qu’en politique, on doit mobiliser une part d’espérance qui ne se laisse pas décomposer au bout de 6 mois.

La Présidente Monique RONZEAU remercie chaleureusement son invité pour la pertinence de ses propos et pour sa disponibilité.