Mardi 9 novembre 2021 : l’Association Femmes Débat & Société recevait Annick Billon.
Rien d’étonnant à ce que l’Association Femmes Débat Société accueille la Sénatrice de Vendée : Annick BILLON dans le cadre de ses déjeuners mensuels. L’Association et la Sénatrice partagent, en effet, une même préoccupation : la parité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines.
En souhaitant la bienvenue à son invitée, la Présidente de FDS, Monique RONZEAU, souligne la place importante qu’occupe le thème de la parité dans l’actualité sociale. Annick BILLON joue dans ce domaine un rôle important puisqu’entre autres activités, elle est au Sénat membre de la commission de la culture, de la communication et de l’éducation, Présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Si l’on constate aujourd’hui une augmentation de l’inégalité entre hommes et femmes, on constate aussi que cette inégalité est très disparate suivant les secteurs d’activité et les lieux de vie. On ne trouve nulle part mention de la parité hommes-femmes dans la récente réforme de la Haute Fonction Publique, mais elle est devenue obligatoire dans les organismes publics. Elle progresse également dans les grandes agglomérations à défaut d’y parvenir dans les zones rurales. Femmes Débat Société soutient évidemment le développement de tous les dispositifs permettant de progresser vers la parité.
Tout en signalant qu’elle n’a pas eu personnellement à souffrir dans sa carrière de l’inégalité hommes-femmes, Annick BILLON indique que les droits des femmes ont reculé avec l’arrivée de la pandémie. Dix ans après l’adoption de la loi Coppé-Zimmermann, le chemin vers une parité réelle est encore long. En milieu rural, la situation est très différente : l’accès à la formation, à l’orientation, à une gynécologie médicale, à une prévention, l’obtention du permis de conduire, par exemple, y sont beaucoup plus difficiles qu’en milieu urbain. Alors que 11 millions de femmes en France vivent en milieu rural, on constate l’absence de gynécologie médicale dans 13 des départements du pays.
La ruralité amplifie les problèmes. C’est là qu’on constate le plus souvent les abus les plus graves : viols, prostitution organisée. C’est là que se produisent 50% des féminicides, que les femmes sont le plus facilement enfermées dans des stéréotypes. Elles souffrent de sujétion économique : difficile de trouver un travail à proximité, une formation universitaire à une distance accessible. La mobilité se trouve souvent au centre du problème. Et quid des familles monoparentales : comment concilier le soin des enfants avec une occupation professionnelle ? La loi Coppé Zimmermann s’applique mieux aux instances dirigeantes qu’aux communautés rurales. En tant qu’élue locale, Annick BILLON est particulièrement qualifiée pour saisir ces enjeux.
La loi vient d’accorder aux pères un congé de paternité de 11 jours. C’est un progrès qui ne suffit pas à restaurer l’égalité. Par ailleurs, que dire de l’inégalité salariale entre hommes et femmes ? Certes, il y a des explications à cette situation : 90% des activités à temps partiel sont confiées à des femmes, mais ces activités partielles sont-elles choisies ou subies ?
C’est très tôt que l’inégalité hommes femmes s’insinue dans les mentalités et l’école y contribue : ne se contente-t-elle pas le plus souvent d’orienter les filles vers des filières littéraires au détriment des filières scientifiques réputées plus « masculines » ? Ne les écarte-t-elle pas de certains sports réputés « virils », le rugby par exemple ? C’est donc insidieusement et très tôt chez les jeunes que l’idéologie sexiste pénètre la société.
S’il est essentiel de voter des lois pour faire place aux femmes, c’est à leur application grâce à des indicateurs de suivi qu’il faut aussi veiller.
Monique RONZEAU remercie chaleureusement son invitée qui a su faire partager sa compétence et son expérience sous forme d’échanges particulièrement vivants et concrets.