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Génaral MénaouineL'Association Femmes Débat Société a accueilli le

Général Daniel MENAOUINE,

Commandant le Centre d'Etudes Stratégiques de l'Armée de Terre

au cours d'un déjeuner le mardi 7 avril 2015.

En introduisant son invité, la Présidente de l'Association, Catherine DUMAS, après lui avoir brièvement présenté Femmes Débat Société, a souligné le respect et la sympathie qu'a soulevés l'Armée Française auprès de la population à la suite des attentats du 7 janvier dernier. Elle a su, en effet, très rapidement se rendre présente sur les sites sensibles et contribuer à rassurer nos concitoyens bouleversés par ce traumatisme.

Le Général MENAOUINE a suivi une carrière très complète. Issu de Saint Cyr, il a initialement servi dans l'Artillerie avant de suivre une scolarité à l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris, d'être admis à l'Ecole de Guerre, de rejoindre la Direction Financière du Ministère de la Défense, puis de devenir Auditeur au Centre des Hautes Etudes Militaires (CHEM) et à l'Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Avant d'occuper ses actuelles fonctions de Commandant du Centre d'Etudes Stratégiques de l'Armée de Terre (COMCESAT), il a servi en tant que Chef de Cabinet du Général Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre entre 2010 et 2014. Ce parcours a été émaillé de commandements opérationnels.

Parmi les militaires récemment tombés en opérations, le Général MENAOUINE a évoqué en particulier le Caporal-Chef Aurélie SALEL de la 14ème Compagnie des Pompiers de Paris décédée lors d'une intervention dans un appartement en feu à Livry-Gargan. Ce sacrifice illustre la largeur du spectre des missions de l'Armée de Terre. La Brigade des Pompiers de Paris, si elle appartient à l'Armée de Terre, est, en effet, mise à la disposition du Ministère de l'Intérieur. Autre exemple de la complexité de ses missions, l'Armée de Terre assure aussi l'encadrement des Ultra-Marins dont la formation est confiée à l'Education Nationale.

Le personnel de l'Armée de Terre comprend des hommes et des femmes (auxquelles de hautes responsabilités peuvent être confiées) aussi bien civils que militaires. Les 66 000 membres opérationnels qui la composent présentent une caractéristique commune : qualité et cohésion. En réalité, les effectifs se montent au total à 90 000 personnes, desquels il faut retirer les nouveaux recrutés soit 10 000 par an. A ces nouveaux recrutés il faut une année d'instruction avant de pouvoir être comptés parmi les opérationnels. Le personnel d'Etat-Major ainsi que celui des trois écoles dépendant de l'Armée de Terre représente le reste de la différence.

Par comparaison avec les effectifs des Armées de Terre étrangères (Grande-Bretagne et Suisse, par exemple), ceux de l'Armée de Terre Française sont peu importants par rapport à la population et ce, pour ne rien dire de leur équipement souvent nettement plus réduit. Le nombre de canons de l'armée suisse est, par exemple, supérieur à celui dont dispose la France.

Mais la première aptitude de l'Armée de Terre Française est sa capacité d'autonomie : elle est à même d'assumer une intervention toute seule, d'agir sans le soutien d'autres alliés. Cela lui permet de se projeter dans des délais très rapides sur un théâtre d'action, comme l'a récemment démontré son intervention au Mali. Si des avions européens sont venus la soutenir, aucun pays n'y a envoyé de troupes au sol. Actuellement l'Armée de Terre compte 10 000 hommes en opération, 7 000 à 8 000 en sentinelles et 5 000 en alerte permanente autrement dit capables de se déployer dans un délai de 6 heures à 3 jours. Au mois de janvier dernier, 7 000 soldats ont été acheminés en 3 jours à Paris au titre de l'exercice Alma ou entraînement annuel destiné à faire face à l'éventualité d'une crue nationale.

Une récente décision du Président de la République, Chef des Armées, va porter les effectifs opérationnels de 66 000 à 77 000. Mais il reste que l'Armée de Terre vit dans un équilibre fragile. Un départ en opération exige du soldat qui s'y trouve engagé une durée d'absence de 6 mois et une activité quotidienne de 12 à 14 heures. 75 % de ce personnel est contractuel rémunéré au plus petit indice de la fonction publique (auquel peuvent s'ajouter des indemnités de séjour en opération). Les conditions de vie peuvent être difficiles et la logistique nécessaire importante. A titre d'exemple, au Mali, la ration d'eau individuelle quotidienne initialement prévue à 10 litres a dû être portée à 20 litres en raison des conditions climatiques.

Comment l'Armée de Terre arrive-t-elle à faire preuve d'une telle faculté d'adaptation compte tenu des moyens limités dont elle dispose ? Essentiellement grâce au système D qui fait souvent l'admiration de nos alliés. La logistique américaine est supérieure d'environ 20 fois à la logistique française pour des actions comparables.

Le budget du Ministère de la Défense se monte à 31, 4 milliards d'Euros, celui de la Grande-Bretagne à 45 milliards, celui de l'Allemagne à 32, 4 alors qu'elle n'a aucune dissuasion atomique à financer.

Si 60% des officiers de l'Armée de Terre ont préalablement été des sous-officiers, ils ont un point commun avec les officiers issus d'une formation supérieure : tous ont débuté leur carrière en tant que soldats avant de progresser au rythme des concours et examens qui leur sont proposés.

Ces concours sont ouverts aussi bien aux femmes qu'aux hommes. Les femmes militaires représentent 9% du personnel en opération, 10 % du total des effectifs de l'Armée de Terre et 3 % des blessés. 60 % des femmes militaires ont un conjoint lui-même militaire.

Quant au harcèlement dont elles pourraient être l'objet, il ne s'avère pas supérieur à celui qui règne au sein des collectivités civiles.

Les femmes DE militaires, elles, ont une vie marquée par de nombreux déplacements qui dressent, évidemment, des obstacles devant celles qui mènent leur propre carrière. Elles jouent au sein de l'armée un rôle important de soutien auprès des familles endeuillées par les pertes ou éprouvées par les séquelles des combats.

De nombreux questions et commentaires ont suivi l'exposé du Général MENAOUINE, lui permettant de développer, entre autres, les points suivants :

Afin d'assurer le recrutement nécessaire, il faut que l'armée présente un dispositif attrayant, autrement dit des conditions de vie permettant un équilibre entre opérations, entraînement et vie de famille. L'Armée Française arrive à recruter des jeunes et chacun peut y trouver un emploi. La carrière militaire est aujourd'hui plus dynamique qu'avant et les reconversions possibles si le militaire le souhaite. L'expérience montre qu'il ne faut pas l'y encourager, sous peine de susciter ultérieurement ses regrets.

L'Armée Européenne n'a pas encore vraiment vu le jour. Pour y parvenir, il faut un pouvoir exécutif fort et un Ministère des Affaires Etrangères fort au niveau européen, de manière à ce que cette Armée ait un chef à même de prendre une décision rapide. Or, il est évident que plus une armée prend de risques, plus la pression de l'opinion publique sur les dirigeants politiques s'accentue.

Il serait impossible de rétablir aujourd'hui le service militaire obligatoire. La présence des femmes a doublé les effectifs à instruire et encadrer. Par contre, il est possible et souhaitable de développer une armée de réserve à condition qu'une loi vienne obliger administrations et entreprises à consentir aux absences de ceux qui en feraient partie.

Au total, l'intervention du Général MENAOUINE s'est avérée aussi directe et ouverte qu'humaniste. La prise en compte du facteur humain a marqué toute sa communication. En retour, l'assemblée a été unanime à constater que l'Armée Française restait encore trop ignorée des citoyens et, parfois, injustement négligée.

  • Biographie du Général Menahouine