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arlette chabotLe mardi 3 novembre, l’Association Femmes Débat Société a accueilli Arlette CHABOT, Journaliste politique, dans le cadre de ses déjeuners mensuels.

Catherine DUMAS, Présidente de l’Association, après avoir remercié son invitée pour sa présence, a brièvement rappelé la convention qu’a tenue l’Association au Palais du Luxembourg en juin 2015 sur le sujet Ethique et Politique. Elle évoque ensuite la participation de l’Association à la COP 21 le 8 décembre prochain sur les enjeux santé- climat, ainsi que les rencontres prévues avec des responsables tunisiennes au cours de l’année 2016. Après avoir annoncé que le prochain invité du déjeuner de l’Association prévu le 12 janvier serait l’Ambassadeur de Turquie, elle souhaite la bienvenue aux nouvelles adhérentes de l’Association.

Laure DARCOS présente ensuite Arlette CHABOT en rappelant quelques traits de sa carrière de journaliste politique : parmi eux, sa collaboration avec France Inter de 1974 à 1984, TF1 de 1984 à 1990, France 3 de 1990 à 1992, France 2 de 2004 à 2010 où elle a été Chef du Service Politique. Elle intervient aujourd’hui sur Europe 1 et LCI.

D’emblée, Arlette CHABOT souligne que nous vivons des temps difficiles qui ne la rendent guère optimiste. Elle constate une crise très profonde de l’offre politique dans notre pays. La Gauche se délite et risque l’éclatement, que le Président Hollande se représente ou non. Les Verts sont divisés et le Front de Gauche désuni. Le Président ne réussit pas à convaincre l’opinion. Quant à la Droite, on se demande avec qui, comment et dans quel objectif elle gouvernerait. On n’y trouve de véritable accord ni sur le programme ni sur la personne en charge de l’appliquer. La Gauche comme les électeurs de droite sont inquiets et on ne peut que souhaiter bon courage à celui qui affrontera Marine Le Pen, car le résultat sera étroit. On peut aussi se demander s’il n’est pas trop tard pour attaquer le Front National sur son programme, si les arguments consistant à susciter l’épouvante devant sa progression ou l’irresponsabilité de son programme réussiront à convaincre les électeurs. On peut enfin se demander si ces mêmes électeurs passeront ou non à l’acte au moment du choix final. Lors d’un récent séjour dans la région Nord-Picardie, Pas de Calais l’orateur a constaté que la mobilisation des chefs d’entreprise apparaît comme la ligue des « puissants » contre les « rejetés ». Et en fin de compte, se pose la question du pire : la réussite du Front National ou bien sa mise à l’écart des postes de responsabilité.

Cette crise de l’offre politique peut tenir à une crise des personnalités dont l’autorité et l’aptitude à incarner la France semblent moindres que dans le passé. La Présidence de la République est aujourd’hui abaissée. La classe politique, le « métier » politique sont dévalorisés. Pour avoir une vision, il faut une culture. Bien gouverner ne peut pas se faire à n’importe quel prix. Or, la politique est aujourd’hui « un métier de chien ».

La presse et les chaînes d’information en continu en sont en partie responsables. Il y a mélange entre l’important et l’accessoire. Les débats sont teintés d’irrationnel. L’essentiel est perdu de vue, comme en témoigne l’importance accordée au café présidentiel chez Lucette, à l’accident de Puisseguin, si tragique qu’il soit. Ce malaise n’est d’ailleurs pas purement français : on le retrouve aussi à l’étranger. La presse va au plus facile, l’information en continu pousse à la surenchère, donc au populisme. Les informations ne sont pas toujours de véritables informations, les sujets sont sur-traités.

Le monde politique a besoin d’un « coup de balai ». L’opinion, qui attend une autre génération que celle de François Hollande, Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou, veut un renouvellement. La déprime française tient au sentiment que les choses n’avancent jamais et que l’on rejoue toujours la même musique.

Une suggestion constructive : pourquoi ne pas réunir les divers responsables autour d’une table pour les faire travailler ensemble à des réformes sur quelques chantiers, quatre par exemple, et les faire aboutir ?

L’orateur s’est ensuite prêtée à un dialogue avec la salle autour des points suivants :

  • L’instauration d’une seule mandature présidentielle : Alain JUPPE est aujourd’hui le seul à s’y être engagé. Actuellement dès son élection, le Président pense aux primaires qu’il devra affronter dans le futur. Or, l’orateur juge souhaitable que le Président fraîchement élu explicite clairement et en priorité ce qui sera supprimé et ce qui sera donné en échange. Plus que de réformes (qui ont une consonance punitive), mieux vaudrait parler de changements.
  • En cas d’élection de Marine Le Pen à la présidentielle, serait probable un référendum suivi de nouvelles législatives qui conduiront à l’échec du FN. Le risque principal tient à l’abstention des jeunes électeurs (les plus âgés se mobilisant par peur). Pour combattre l’abstention, il faut un discours positif.
  • Beaucoup de questions se posent : les médias affirment que Marine Le Pen sera au 2ème tour des élections présidentielles. Si Alain Juppé remporte les primaires chez Les Républicains, Nicolas Sarkozy se retirera-t-il ? . Selon l’orateur, les médias jouent avec Marine Le Pen et avec les sondages pour faire de l’audience. Gauche et Droite jouent aussi avec elle et, en fin de compte, tout le monde joue à se faire peur. Il n ‘y a qu’elle et soit la Gauche soit la Droite. Cela fait du Front National le centre de la vie politique français.
  • Aux yeux de l’orateur, les primaires présentent plusieurs avantages : en premier, celui de faire émerger le moins mauvais, ensuite celui d’encourager la participation des jeunes en particulier, mais aussi de l’ensemble des citoyens. 2 à 3 millions seulement de participants aux primaires ne les justifieraient pas. Si la Gauche a tenu à organiser des primaires en 20011, c’était afin d’éviter la déconvenue de 2002. On a coutume de dire qu’est élu aux primaires le représentant de la fraction la plus dure du parti. Ceci s’est avéré faux pour la Gauche puisqu’au lieu de Martine Aubry, réputés la plus dure, c’est François Hollande, le plus mou, qui les a remportées.
  • L’intervenante prévoit que François Bayrou sera candidat aux présidentielles si Nicolas Sarkozy remporte les primaires. Bayrou est, en effet, persuadé que gagnera celui qui n’a jamais gouverné. Et pourquoi pas ? François Bayrou n’a jamais eu les clés du pouvoir et il ferait un gouvernement ouvert
  • En ce qui concerne le programme économique du FN, Marine Le Pen sait qu’il y a une attente à gauche. Ce programme est inapplicable, mais l’électeur, lui, en est-il convaincu ? Les Français, qui sont dans l’irrationnel, sont en colère. Par ailleurs, le FN appliquerait-il ce programme ? L’exemple grec du gouvernement Tsipras semble le démentir..
  • Les Français ne s’intéressent guère aux exemples étrangers. Ils y sont indifférents. Ils ne veulent pas de discours churchilliens et les exemples passés montrent que les réformes dures mettent les foules dans la rue sans réellement aboutir. Trois ans après, ces mêmes réformes doivent être retouchées et le problème n’est jamais vraiment réglé. Or, il faut travailler sur le long terme alors que l’on constate que les vrais réformateurs ne sont jamais réélus.

C’est en fin de compte sur une note optimiste que conclut l’orateur : celui qui gagnera est celui qui aura un discours positif : « on va faire ça, on va réussir ça... ». Cette attitude, qui correspond à l’actuel esprit « start-up », consiste à dire : « puisque la classe politique ne répond pas à nos problèmes, on va faire ça .... ». Le dynamisme existe chez de jeunes entrepreneurs, pourquoi pas aussi ailleurs ?