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Le 2 octobre 2018, l’Association Femmes Débat Société accueillait le Général DURIEUX, Chef du Cabinet Militaire du Premier Ministre.


En le remerciant de sa présence, la Sénatrice Catherine DUMAS lui présente brièvement l’Association qui réunit des femmes de droite et du centre qui s’intéressent au débat public tout en étant en postes de responsabilité dans leurs divers domaines d’activité.


Saint-Cyrien, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Université de Georgetown aux USA, le Général DURIEUX a effectué l’essentiel de sa carrière dans la Légion Etrangère qu’il a encadrée dans les Balkans ainsi qu’en Afrique avant de rejoindre l’Etat Major des Armées, puis d’occuper le poste d’adjoint au cabinet militaire du Ministre de la Défense, de diriger le Centre des Hautes Etudes Militaires (CHEM), de commander la 6ème Brigade Légère blindée et d’être nommé chef du cabinet militaire du Premier Ministre. Docteur en histoire, il a publié « Relire De la guerre de Clausewitz » chez Economica et dirigé plusieurs autres publications.


L’orateur commence par préciser le contenu de sa mission actuelle auprès du Premier Ministre à savoir lui permettre d’exercer ses responsabilités en matière de défense, responsabilités qui concernent la souveraineté de l’espace aérien, l’action de l’Etat en mer et la cyber-défense. Il lui incombe en outre de préparer les réunions et d’arbitrer entre les ministères les questions concernant les problèmes de défense. Le Général DURIEUX précise que le poste de responsable du cabinet militaire de Matignon échappe à toute considération politique.
Le Général DURIEUX identifie 4 défis principaux en matière de défense :


• Le premier est de nature philosophique : Qu’est-ce que la guerre aujourd’hui ? Autrefois, la guerre était une expérience concrète, elle relève aujourd’hui d’une perception mystérieuse. Alors qu’elle a été une institution qui visait à canaliser la violence à l’intérieur d’une durée et d’un espace bien définis en vue d’aboutir à un règlement pacifique, il s’agit maintenant de contre-terrorisme.


• Le second est politique. Le cadre qui était habituel jusqu’à l’an 2000 s’est fragilisé qu’il s’agisse de l’OTAN, des liens avec les USA, avec la Grande-Bretagne, des synergies avec les alliés, avec des Etats qui décident peu ou mal. La dépendance à des systèmes d’armes complexes s’est accrue.


• Le troisième est militaire : nous sommes face à des guerres hybrides telle l’action russe en Ukraine et en Syrie. La guerre relève de politiques de puissance et ne reste plus cantonnée à des limites. Elle se pulvérise en micro-conflits comme on le constate en Afghanistan, en Syrie, où de multiples groupes mouvants s’affrontent. Le désordre s’instaure en matière de durée et d’objectifs. Doit-on privilégier le long terme ou la réactivité immédiate ?


• Le quatrième est de nature sociale, sociétale. Il y a toujours eu une tension historique entre l’armée et la société qui la porte. Or, l’armée ne doit pas s’écarter de la société tout en n’y restant pas trop liée au risque de perdre en efficacité. Un exemple : la directive européenne de 2003 sur le temps de travail est inapplicable pour l’armée et le Président de la République de l’époque a dû l’en exonérer.


Ces défis, bien sûr, ne sont pas exhaustifs : on peut, par exemple, leur ajouter l’instantanéité alors que la guerre demande du temps pour faire changer l’autre.


En conclusion, le Général DURIEUX se réjouit de constater l’intérêt que portent les citoyens concernés aux problèmes de défense.


Le nombre et la diversité des questions de l’assistance ont permis au Général DURIEUX de développer les points suivants :


• L’Intelligence artificielle est de plus en plus utilisée, entre autres en matière de reconnaissance d’images. La capacité d’analyse peut intégrer de nombreuses analyses qui aboutissent à fournir des solutions moyennes. Or, la guerre doit surprendre l’adversaire.


• En ce qui concerne l’opération Sentinelle, il n’est pas sain d’avoir des soldats dans la rue. Ce sont les policiers qui doivent s’y trouver. L’armée n’y fournit en réalité qu’une présence symbolique.


• Alors que la France veut une politique européenne de défense, ses partenaires européens gardent confiance dans l’OTAN, qui remplit aussi le rôle de forum politique.


• Il n’est pas adéquat de parler de cyber-guerre. On peut imaginer des attaques cyber massives qui conduisent à entrer en guerre. Ces attaques peuvent revêtir plusieurs formes : 

- Une attaque sous forme d’espionnage qui permette à l’ennemi la captation de données.
- Une attaque sous forme de sabotage, telle celle qui a été menée contre les centrifugeuses iraniennes.
- Une attaque sous forme de manipulation de l’information.
- Des actions à but monétaire, à caractère financier.

Les services secrets ont utilisé les trois premiers types d’action. Il est toujours difficile d’identifier et de prouver l’existence de cyber-attaques, difficile aussi de les distinguer des actions de communication (cf. le roman Blackout sur les effets d’une suppression à grande échelle du courant électrique).


• Les pays d’Europe de l’Est restent méfiants vis-à-vis de la Russie et se tournent vers les USA sous couvert de l’OTAN. La France essaie de les rassurer en étant ferme vis-à-vis des Russes et en veillant à l’équilibre des armements, alors que les Russes procèdent à des intimidations et que la politique américaine inquiète. La France a missionné des soldats dans les pays baltes. L’Europe de la défense a été proclamée il y a 15 ans. Elle est aujourd’hui critiquée parce que jugée irréelle. Les projets communs voulus par l’Europe de la défense restent difficiles à mettre en œuvre du fait des différences de calendrier entre pays, de la diversité des besoins, de l’égoïsme industriel, des différentes approches en matière d’exportation d’armements vers les pays hors de l’Union Européenne. Pour y parvenir, il faut en effet obtenir l’accord de tous les pays qui fabriquent les composants des armements à exporter.
Or, le marché français, à lui seul, ne justifie plus notre programme d’armement. Enfin, au total, la défense européenne coûte plus cher que la défense nationale.


• Alors que des doutes apparaissent sur la protection américaine, l’Europe a acquis une culture stratégique qu’elle pourrait lui faire partager. Nous savons ce que coûte la guerre. Nous savons aussi qu’à son terme nous devrons vivre avec l’ennemi. L’action militaire doit, donc, être conduite en vue d’une paix utile.


• Le Service National Universel, tel qu’il est envisagé, ne sera pas militaire. Il se déroulera en deux phases : une phase universelle qui concernera tous les jeunes de 16 ans pendant un mois. C’est une sorte de complément à l’éducation nationale. La seconde phase concerne les jeunes de 18 à 25 ans : c’est un Service Civique de 6 mois assuré sur une base volontaire auprès de services publics, d’associations ou de collectivités locales.


• L’arme nucléaire a un effet dissuasif, mais il faut repenser cette dissuasion du fait de la multiplication de ces armes. Il reste de nombreuses zones inquiétantes : le Levant et l’Iran dont les acteurs, Sunnites, Chiites, Israël …sont incontrôlables, où la Russie est triomphante et la politique américaine peu lisible. Le plus menaçant pour nous consiste dans la faillite de plusieurs Etats Africains dont de nombreux compatriotes vivent en France. Il faut également mentionne la mer de Chine et la Corée.


• Enfin, si la guerre est une négociation par d’autres moyens, on ne négocie pas avec le terrorisme.


En conclusion, la présidente Catherine DUMAS remercie vivement son hôte d’une intervention si intéressante, en particulier sur la philosophie de la guerre comme sur le rôle de la Chine et l’ouverture de la route de la soie, qu’elle justifierait une nouvelle invitation. Elle rappelle que le prochain déjeuner de l’Association est fixé au mardi 6 novembre.

Le 22 mai 2018, l’Association Femmes Débat Société accueillait Isabelle HUDON, Ambassadrice du Canada en France.

            Catherine DUMAS, Sénatrice et Présidente de l’Association la présente brièvement à son invitée avant de lui donner la parole.  L’Association Femmes Débat Société réunit des femmes en position de responsabilité dans divers secteurs, femmes qui  ont en commun des opinions européennes, libérales ainsi qu’une volonté de participer aux débats publics.  En témoignent en particulier la participation de l’Association à la COP 21, l’accueil des candidats à la récente élection présidentielle et le partenariat avec Tunisiennes Fières dont la Présidente Donia KAOUACH siège au Conseil d’Administration de Femmes Débat Société.

            Christine de METZ rappelle ensuite les étapes de la carrière de l’Ambasadrice Isabelle HUDON, première femme à représenter son pays en France.  Dotée d’une personnalité exceptionnelle, Isabelle HUDON a suivi un parcours atypique.  Elle a commencé sa carrière professionnelle en politique fédérale dans différents ministères, tel celui de la ministre responsable de l’Agence canadienne de développement international, avant d’occuper des postes stratégiques dans le secteur privé chez Bell Solutions globales, à l’Agence spatiale canadienne (ASC), chez Bombardier Aéronautique et à BCE Média.  Vice-Présidente de la Chambre de Commerce du Montréal métropolitain, elle en devient Présidente en 2005 et siège dans de nombreux conseils d’administration avant de devenir Présidente de la Financière Sun Life au Québec en 2010.  En septembre 2017, Justin TRUDEAU  la nomme Ambassadrice du Canada en France.  Récipiendaire en 2005 du Canada’s Top 40 under 40 (les 40 Canadiens les plus performants de moins de 40 ans), elle figure en 2006 parmi les 100 femmes les plus influentes du Canada reconnues par Canada’s Most Powerful Women : Top 100.

            Isabelle HUDON complète à son tour cette présentation en évoquant des aspects plus personnels : l’influence d’un père élu au niveau fédéral et celle d’une mère qui a su transmettre des racines et des valeurs.  Et puis sa propre personnalité, qui l’a conduite à éviter un parcours académique au profit de contacts immédiats avec le terrain.  Il faut dire qu’elle s’avoue impatiente.  Clin d’œil du destin : ses performances lui ont ultérieurement mérité le diplôme de Docteur Honoris Causa de l’Université Concordia pour la plus grande joie de ses parents…  En raison de son caractère direct et de son absence d’expérience diplomatique, ses amis se sont inquiétés lors de sa nomination d’Ambassadrice, de l’accueil que lui réserveraient les Français …

            Dans cette nouvelle mission, elle s’est assignée trois priorités :

-          La promotion du CETA ou traité de libre échange entre l’Union Européenne et le Canada adopté par Bruxelles en février 2017. Or, il suscite bien des réticences, alors qu’il doit être ratifié par les Parlements de chacun des membres de l’Union d’ici un an.  Il s’agit pour elle de lever ces réticences à force d’explications, de pédagogie et de lobbying.  Le Canada est en effet soucieux de multiplier ses marchés afin d’alléger sa dépendance du marché américain.

-          Le développement de la coopération culturelle, en particulier dans les arts numériques. Or, il est à craindre que les gouvernements des Etats attachent plus d’importance aux échanges économiques qu’aux partenariats culturels. 

-          La cause des femmes, sujet qui lui tient particulièrement à cœur, car il incombe à  celles qui ont réussi de donner en retour à celles qui sont victimes de plafonds de verre, de préjugés sociaux ou de carences éducatives.

La tâche est multiforme en raison des conditions très différentes qui règnent dans les pays du globe.  Quoi de commun entre l’illettrisme féminin dans des régions où règne l’insécurité et les préjugés qui limitent la carrière des sur-diplômées ? 

Un point important à noter : ces préjugés ne tiennent pas uniquement au « machisme ».  Ils existent chez les femmes elles-mêmes : ce n’est pas d’ambition mais de confiance qu’elles manquent en souffrant le plus souvent du syndrome de l’imposteur.  Autrement dit, elles se jugent insuffisamment qualifiées, hésitent à profiter des occasions, craignent de ne pas être à la hauteur, de s’exposer à la critique de leur entourage, etc …Au total, trop nombreuses sont celles qui attendent que le fruit leur tombe dans les mains et qui manquent de la détermination suffisante pour réaliser leurs ambitions.

En ce qui la concerne, Isabelle HUDON a « secoué le pommier ».  Lorsqu’elle a vu son compagnon intégrer l’INSEAD, elle a voulu en faire autant.

Pour faire bouger les choses, elle a adopté des mesures concrètes :

. un geste par jour sous le signe de la solidarité et sous forme d’un conseil, d’un encouragement, d’un appui.  Avoir sur soi en permanence une liste de candidates permet de les faire profiter d’une opportunité, veiller à leur participation en réunion en leur accordant une place visible, en leur évitant les interruptions lorsqu’elles interviennent, etc …

. la création de l’organisme L’Effet A, A comme Ambition.  Ce mouvement vise à promouvoir les initiatives féminines, à les aider à réaliser ce qu’elles ambitionnent.  A ce jour, un millier d’entre elles ont reçu un diplôme attestant de leur réussite.

. A un autre niveau, elle co-préside avec Melinda GATES le comité consultatif pour l’égalité des sexes au G 7 qui doit se réunir en juin prochain au Canada.  Elle y présentera un rapport aux sept pays membres et  préconise la constitution d’un tel comité non gouvernemental au sein de chaque pays.

            Aux femmes décidées à réaliser leurs ambitions, Isabelle HUDON ne cache pas les remises en cause à opérer.  Il leur faut accepter :

-          De modifier leur emploi du temps

-          De vivre une certaine solitude dans leur projet.

-          De renoncer à un idéal de perfection, car ce n’est plus la perfection qu’il leur faut rechercher, mais l’excellence dans la réussite.

A chacune de choisir ce qu’est pour elle l’équation du bonheur et d’aller au bout de ses choix.  Rien ne bougera si les femmes ne se battent pas.

A l’issue de cet entretien, ponctué d’échanges avec l’assistance, Catherine DUMAS remercie chaleureusement Isabelle HUDON qui a montré l’importance du geste quotidien et en soulignant les liens très forts qu’elle a su établir avec les membres de l’Association qui partagent avec elle le souci de servir leur pays. 

 

Avant de donner la parole à son invitée, la Présidente Catherine DUMAS dit un mot des rendez-vous et activités à venir de l’Association. 

Le prochain Conseil d’Administration se tiendra au restaurant le Bourbon et se consacrera à la présentation des valeurs de l’Association.

Le 10 avril, c’est autour d’une personnalité du monde judiciaire que se tiendra un apéritif au restaurant La Maison Blanche, avenue Montaigne.

Le 25 juin, aura lieu l’Assemblée Générale à l’issue de laquelle l’Association recevra Michel BARNIER. Commissaire Européen.  Femmes Débat Société sera heureuse d’y retrouver sa Présidente d’Honneur : Françoise VILAIN récemment victime d’ennuis de santé.

            Vient ensuite le moment de présenter Marie MERCIER, Médecin, Sénatrice et, à ce titre,  collègue de la Présidente de l’Association : Catherine DUMAS.  Elles ont toutes les deux en commun le souci d’éviter de transformer la politique en conflit permanent.  Sans pour autant renier leurs idées, elles s’attachent à mener leur combat de façon apaisée.

            C’est de la Protection des mineurs victimes d’infractions sexuelles que Marie MERCIER vient parler, sujet dont elle a été le Rapporteur auprès du Groupe LR du Sénat.  Il s’agit d’une réalité mal connue  autour de laquelle règne une certaine omerta pour les raisons que va exposer Marie MERCIER.  L’orateur prend soin d’avertir l’Association que l’on ne sort pas indemne de l’étude d’un tel sujet.  Elle l’a menée avec sept collègues au moyen de quatre déplacements, de rencontres avec cent vingt personnalités et de quatre cent trente deux contributions sur site.

            On ne dispose pas de chiffres précis sur sur les violences faites aux enfants, mais on estime les victimes à 20% d’une classe d’âge, cela alors que l’on dispose d’un arsenal législatif complet sur le sujet.  La loi précise trois types d’infractions : l’atteinte sexuelle qui se « limite » à des bisous donnés à des enfant par des adultes, l’agression sexuelle et le viol qui suppose une pénétration (souvent difficile à identifier).

            L’enquête qu’ a menée l’orateur révèle que les violences intra-familiales touchent tous les milieux.  Elles remontent loin dans le temps : le premier code juridique connu réprimant le viol et l’inceste remonte à 692 avant J.C.  Il a été édicté par un roi de Babylone.

            L’importance de l’éducation  en la matière saute aux yeux d’emblée : éducation indispensable dans le  couple mère-enfant, indispensable aussi dans les rapports père-bébé.  S’y ajoute le rôle du net : un enfant sur deux de moins de 10 ans a consulté un site pornographique.  Alors, les jeunes cherchent à  reproduire les jeux des acteurs.  L’accès aux réseaux sociaux fournit des photos de sexes, de seins. Or,  il ne faut que 20 minutes à un prédateur pour remonter à la personne photographiée et ce sans que les parents puissent s’en douter.  La pédo-pornographie montre qu’aucune bête ne ferait à ses petits ce que montrent ces photos.  Les pédo-pornos sont des collectionneurs d’images que l’on ne sait pas déceler.  Le voyeur de films pédo-pornos, lui,  ne voit pas le problème.  Or, pour accéder à ces représentations, il faut une éducation informatique particulière et c’est un  domaine où excellent les jeunes.  Comme de tels sites sont le plus souvent étrangers, la loi française ne peut s’y appliquer.

Il est, donc, essentiel que des Associations interviennent dès les classes primaires  pour parler de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, du respect du corps, de la dignité humaine.  On a constaté que dès le CE 2, des enfants pratiquent la fellation.  Il faut le courage de poser des interdits, il faut en parler.

            C’est souvent dans des couples en souffrance que l’enfant est instrumentalisé.  Or, un enfant ne parle jamais dans sa souffrance : il dit ce que son père et sa mère lui ont dit de dire.  La victime porte sa souffrance à perpétuité et, pour survivre, elle met en place une « béquille » en enfermant sa souffrance dans le silence pour l’occulter jusqu’à ce qu’un événement survienne dans sa propre vie, par exemple une procréation, et la fasse exploser. 

            De ce fait, il est indispensable de prolonger le délai de prescription, indispensable aussi de ne pas enfermer la victime dans son statut de victime.  Indispensable enfin de mettre en faute l’auteur de l’agression en introduisant une présomption de contrainte en cas de différence d’âge ou de manque de discernement, car le manque de discernement n’a pas d’âge.

            Marie MERCIER se prête ensuite à des échanges qui ont porté essentiellement sur les points suivants :

  • · Les violences faites aux enfants se produisent souvent dans le cadre de violences conjugales. A femmes battues, enfant battus.  Dans la Région Ile de France, se trouve une forte demande de formation des éducateurs dans les écoles.
  • · On sous-estime la dimension du phénomène. L’éducation est la base d’une prise de conscience.
  • · En 2017, 8497 plaintes ont été enregistrées. Elles concernaient essentiellement des faits accomplis par des mineurs sur des mineurs.  Il faut mettre un seuil à l’âge de 18 ans.  A noter toutefois qu’un seuil d’âge est difficile à fixer.  Ce seuil varie d’un pays à l’autre.  Il convient aussi de caractériser les circonstances : y a-t-il eu ou non violence ?
  • · La justice française manque de moyens : c’est la raison pour laquelle les juges « correctionnalisent » les plaintes : en correctionnelle, les plaintes sont jugées plus rapidement, alors qu’autrement le délai entre le dépôt de la plainte et le jugement en cour d’Assises peut s’allonger jusqu’à sept ans. De plus, les jurys d’assises se composent  d’une part de magistrats, d’autre part  de simples citoyens qui ont du mal à rester concentrés une journée entière sur un procès et qui, par ailleurs, ne sont pas rémunérés.
  • · Une formation pourrait être appliquée aux parents et des sanctions prévues pour non-dénonciation des faits constatés.
  • · L’orateur insiste à nouveau sur le fait que tout est dans la loi, mais que cette loi reste mal connue.
  • · Les victimes subissent un stress post-traumatique. Le cerveau met en place un déni qui enferme le trauma au placard.  Or, les barrières mises en place pour permettre de vivre vont sauter dans telle ou telle circonstance : accouchement, retour sur certains lieux.  Si la personne est écoutée ou bien si elle écrit, l’oubli peut arriver une fois qu’elle s’est exprimée.

En guise de conclusion, si l’orateur se montre pessimiste sur la mise en place d’une présomption de contrainte que le gouvernement ne retient pas, elle définit son objectif : recoudre l’humanité pour chacun.

      La Présidente Catherine DUMAS remercie chaleureusement son invitée en insistant sur l’importance de la notion de respect de l’autre.

Pour plus de précisions, voir le rapport d’information N° 289 fait pat Marie MERCIER et publié par le Sénat, Commission des Lois. : https://www.senat.fr/rap/r17-289/r17-2891.pdf

Laure Darcos a accueilli Nicole Ameline, Présidente du CEDAW (Comité de lutte contre les discriminations faites aux femmes au sein de l’Organisation des Nations unies), en l’absence de Catherine Dumas retenu par le Président du Sénat.

Florence Kersus, membre du CA de FDS a présenté rapidement le parcours de Nicole Ameline qui s’est toujours beaucoup investie dans FDS et qui a été successivement parlementaire, Ministre de l’égalité H/F, puis experte à l’ONU.

Femme d’engagement et de conviction, sur le terrain politique nationale comme dans le Calvados, jusqu’à NYC et au Caire, elle a toujours et continue à être une militante des droits des femmes, humaniste, et figure dans le dictionnaire des féministes.

 

Après avoir rappelé qu’elle avait vu la « famille » FDS se fonder, Nicole Ameline, a brossé un panorama des enjeux d’aujourd’hui pour lesquels une association comme FDS peut jouer un rôle majeur. 

Face aux nouveaux défis, il est indispensable d’œuvrer pour la consolidation des valeurs irréductibles de l’humain. Certaines forces prônent le retour au nationalisme, le droit international n’est plus sacré et on doit constater que les progrès qui ont été faits ne sont plus garantis. Il faut se mobiliser en faveur des droits fondamentaux. Les sujets comme l’IA, les changements du climat appellent la mise en place d’une régulation, d’un cadre éthique et dans ce cadre la préservation des droits des femmes. L’enjeu, c’est la préservation ou l’instauration de leurs capacités à décider et à choisir leur avenir. Selon elle, il ne faut plus agir pour les femmes mais Avec les femmes.

 

L’enjeu développement durable qui est le nouvel agenda universel du monde est indissociable des enjeux d’égalité H/F. Elle ne laissera rien passé aux NU car selon elle il n’y a pas de développement durable sans égalité des sexes. C’est un combat politique qui se passe via ce qu’elle appelle l’empowerment.

Il faut continuer et gagner le combat politique car il y a de plus en plus d’influenceurs qui ne partagent pas forcément nos valeurs.

 

La France n’est pas toujours exemplaire en matière de respects des droits de l’homme et c’est dommage car cela nous affaiblit alors même que nous sommes les dépositaires d’un patrimoine culturel sur les droits des femmes qui date de l’esprits des lumières.

La France a ainsi plusieurs responsabilités : il faut qu’elle respecte les règles internationales car l’exemplarité est essentielle ; elle porte un symbole d’un espoir pour les femmes dans le monde entier ; elle a un rôle de solidarité.

Elle a évoqué le succès d’un projet développé en Égypte sur la diffusion de la culture d’égalité professionnelle qui permet à des femmes de progresser au sein de grands groupes.

Elle a insisté sur la nécessité de militer en faveur de la formation numérique pour les femmes.

Enfin dans le respect de l’égalité républicaine il faut rester vigilant car il y a des femmes dont les droits régressent dans certains quartiers, notamment par l’instrumentalisation de la religion.

Elle rêve ainsi d’un monde ou l’égalité est un élément de paix avant même d’être un élément de justice sociale. Selon elle, si l’égalité des droits des femmes est un facteur de paix dans le monde, nous n’aurons pas perdu notre temps.

 

Chacune d’entre nous peut être une ambassadrice à travers des projets et une prise de conscience. Cela crée une force inouïe d’aller sur place et de témoigner pour les femmes dans de pays moins favorisés sur le plan des droits .

Elle considère que le Tour de France de l’égalité qui vient d’être lancé par le PM peut être utile et que les jeunes peuvent y être sensibles.

Sur l’emploi, il faut profiter de tout ce qui existe sur l’organisation du travail pour faire en sorte que les femmes ne renoncent pas à travailler et toute initiative est la bienvenue. Les femmes doivent aussi changer de mentalité. Il faut arrêter de demander, il faut prendre. C’est aux femmes d’imaginer ce nouveau monde.

Enfin, sur le plan des progrès qui peuvent être constaté dans certains pays, il faut que les progrès soient sur tous les plans, pas seulement l’autonomie dans le travail ou les déplacements, mais aussi la place de la femme dans la famille ou la société en général. Combien de femmes dans le monde ne se sentent en réalité pas encore libre, libres de penser et de choisir ?

 

Un des grands combats qui reste à mener est celui contre l’impunité. L’accès à la justice n’est pas toujours garanti. Pourtant, nombreux sont les pays musulmans qui ont ratifié la convention de lutte contre les discriminations faites aux femmes.

Le rôle que peuvent jouer les organisations internationales est essentiel. Quelqu’un comme Christine Lagarde peut changer la donne.

 

Le CEDAW est ainsi un gardien et a des pouvoirs de sanctions. On peut aussi donner de la visibilité aux manquements qu’il constate. En termes d’image cela a beaucoup d’impact.

Cela reste compliqué car certains trouvent excessifs les 2% de budget des NU consacrés aux droits de l’homme. Pourtant il faut être conscient qu’on a vécu sur le parapluie du droit international donc il faut vraiment veiller à ne pas l’affaiblir.

Concernant l’accueil des migrants elle n’est pas heureuse de la situation. La France n’a pas été exemplaire.

La France est à un tournant et elle doit choisir d’être forte en Europe pour que celle-ci devienne un acteur global et qu’elle ne reste pas un marché uniquement économique, tourné vers lui-même

Après avoir accueilli , la Présidente de l’Association, Catherine DUMAS, récemment élue Sénatrice, présente brièvement à Dominique REYNIÉ, Femmes Débat Société qui réunit des femmes de Droite et du Centre occupant des postes de responsabilité dans les domaines de la politique, du social, de l’entreprise et de l’Administration.   

Dominique Reynié 2015 01

           Laure DARCOS, elle aussi récemment élue Sénatrice, présente Dominique REYNIÉ, Professeur des Universités à Sciences Po, Directeur Général de la Fondation pour l’Innovation Politique (FONDAPOL) et familier des médias. Il est, par ailleurs, l’auteur de plusieurs ouvrages : Le triomphe de l’opinion publique. O. Jacob 1998, Le Vertige Social-Nationaliste. La gauche du Non, La Table Ronde, 2005 ; Populisme, la pente fatale, Plon 2011 ; Les nouveaux populismes, Pluriel 2013, et tout récemment : Où va la démocratie ? Plon 2017. Chef de file des Républicains lors des dernières élections régionales en Languedoc-Roussillon, il a mené une campagne qui s’est avérée particulièrement dure. C’est de son expérience et de ses anticipations sur l’évolution de la démocratie qu’il vient faire part.            L’orateur se décrit comme d’abord intéressé, puis préoccupé par la politique car, s’il n’est pas pessimiste sur le long terme, il se dit inquiet sur le court terme. Nous nous avançons, d’après lui, en territoire inconnu, porteur de bouleversements dans les 10 années à venir, bouleversements qui concernent l’ensemble des pays européens. Son dernier ouvrage : Où va la démocratie ? se fonde en effet sur des observations et enquêtes menées en Europe.La démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui date de la fin du 19ème siècle. Elle est apparue avec son cortège de principes, d’institutions et de pratiques, tels que les notions de liberté, de respect des individus, les partis politiques et la formation de majorités. C’est à cette époque qu’a été instauré le suffrage universel, plus ou moins universel d’ailleurs, puisque fondé sur le seul suffrage masculin. Ce n’est qu’en 1944 que les femmes françaises ont été admises à voter, date très tardive par rapport à d’autres pays tels que la Nouvelle Zélande qui l’a adopté dès 1896, la Norvège en 1907, et presque toutes les autres démocraties en 1919.             La démocratie, qui est ce que l’on a fait de mieux en matière politique, n’est pas pour autant appelée à durer. Ceci alors que notre société a hissé un nombre de personnes à un niveau de connaissances l’un et l’autre exceptionnels. On peut en attendre une post-démocratie qui devient une hyper-démocratie.            On peut aussi assister à une déconstruction du modèle. Les jeunes ont, en effet, un rapport négatif aux principes démocratiques. La crise catalane vient de nous en fournir l’illustration : parce que la population de la Catalogne a été consultée, elle aurait droit à la sécession. Or, cette position est illégale, car contraire aux dispositions juridiques antérieures légalement approuvées. Parce que l’on a fait un scrutin, on aurait le droit de déroger aux règles communes ? C’est perdre de vue la nécessité évidente de l’attachement à des règles.            Un peu partout, la montée du populisme est spectaculaire : qu’il s’agisse du Brexit porteur de décisions majeures, ou du triomphe des populistes de la République Tchèque lors des dernières élections. Leur large victoire a disqualifié les socio-démocrates auxquels le pays devait une période de réussite économique. Pourquoi cette défaite ? A cause de l’accueil de migrants dont, en fin de compte, le nombre n’a pas dépassé 12. C’est le signe que la question de l’Islam va devenir surdéterminante et, en tous cas, très présente dans le futur.            En ce qui concerne la France, on peut considérer que l’élection de 2017 a été ratée, car elle est passée à côté des grands débats. Le pays s’est passionné pour des controverses, sans discuter de rien. La campagne a été dominée par les affaires alors que la droite devait gagner. Trois candidats : Emmanuel MACRON, François FILLON et Benoît HAMON n’étaient pas populistes. Les 8 autres n’ont rien dit d’intéressant : leurs propos ont négligé l’essentiel au profit du n’importe quoi. Or, ces 8 candidats ont obtenu 49% des votes, et même 55% si on leur ajoute les voix de Benoît HAMON. Au second tour, on peut comparer au 5 mai 2002 le 7 mai 2017. Lors de ce dernier vote, 57% des électeurs se sont abstenus, ont voté blanc ou nul, ou bien Front National. C’est dire que l’insurrection électorale est présente.            Si le Front National a perdu, ce n’est pas pour sauver la démocratie mais pour sauvegarder l’Euro. Ce n’est pas le Front Républicain qui a gagné, mais le Front Monétaire. Si 45% seulement des Français se disent attachés à l’Union Européenne, 58 % , par contre, se disent attachés à l’Euro. Ils ont vu dans le Front National une menace pour leurs économies. Dès lors, il suffit alors que le Front National modifie ses positions en matière monétaire ou que l’Euro disparaisse pour que se produisent des bouleversements considérables.            Alors que les démocrates gardent une approche rationnelle, les populistes ont pris le monopole de l’affect. Il reste une conclusion à tirer : attention à ne pas aimer la démocratie trop tard.Aux nombreuses questions qui lui sont ensuite posées, l’orateur apporte les réponses suivantes que l’on peut résumer ainsi :

  • Dans notre société la morale est de plus en plus prégnante, au point de tomber dans le moralisme. Or, le moralisme est un acide qui érode la confiance mutuelle. En témoignent, par exemple, les scandales soulevés par le Levothyrox ou les Paradise Papers. Or, ce n’est que dans les démocraties qu’apparaissent ces documents libérés, lâchés, autour desquels se font ou non des mobilisations corrosives de la confiance mutuelle. A noter qu’il n’en existe aucun exemple en Chine ou en Russie.
Cette corrosion de la confiance ouvre la voie aux contestations de la légitimité, à la mise en cause de l’expertise, au soupçon vis-à-vis de la parole qui dérange. Le système médiatique est en crise (cf. The Economist 4 – 10 Novembre 2017 : Social media’s threat to democracy) : on s’en prend à la personne en cherchant à la disqualifier en tant que personne.
  • Il faut se réjouir de l’apparition de représentants de la société civile au sein des Parlements. Apparition qui ne manque pas de susciter de fortes réactions corporatistes de la part de ceux qui sont ou étaient en place. L’expérience électorale de l’orateur en témoigne tout comme le fait qu’il a fallu une loi pour introduire la parité. La France souffre d’un système trop conservateur qui favorise les monopoles politiques.
  • La permanence du personnel politique aboutit à dissocier la société de ses représentants. Alors que la société a changé de culture, suite, par exemple, à la chute du Mur de Berlin en 1989 ; à l’apparition du Web en 1994 ou au renouvellement démographique français, la fonction politique est restée l’apanage des mêmes. La démocratie repose sur les institutions et la culture. Or, la culture démocratique s’effrite.
  • Les Primaires sont désastreuses et il est pourtant difficile d’imaginer autre chose en l’absence d’autorités naturelles au sein des partis.
  • Le vote à distance peut séduire, mais il se prête facilement au trafic des résultats.
  • Le harcèlement n’est plus considéré comme avant. La voie est ouverte à une transformation culturelle nécessaire.
Au terme de cet entretien, la Présidente Catherine DUMAS remercie très chaleureusement l’orateur dont les propos sont salués par de vifs applaudissements...